L’ile fasciste de Carlo Lucarelli
Je ne saurais trop vous recommander de lire « L’ile de l’ange déchu » de Carlo Lucarelli (et pas « l’ile du jour d’avant« , ce délire illisible d’Umberto Ecco).
Alors que Mussolini est en passe de prendre le pouvoir en Italie, un jeune commissaire, dont l’épouse est en train de devenir folle, est retenu depuis plusieurs années dans une ile isolée au large de la péninsule italienne, et rien ne semble devoir leur permettre de quitter cette prison. Le télégramme qui pourrait les rapatrier n’arrive jamais, les journaux de la veille parviennent seulement le matin dans l’ile. L’ennui et la solitude emplissent les journées, le port est masqué par la brume, seule la mystérieuse femme d’un prétendu anglais parait pouvoir apporter un peu de sel dans cette oppressante désolation.
Il représente encore – mais pour combien de temps ? – la plus haute autorité de l’état sur cette ile aux mains des chemises noires, qui contrôlent la prison où croupissent les opposants au régime fasciste.
Alors que l’ile est balayée par les vents, que le soleil brûle implacablement, que sa jeune femme écoute à longueur de journées la même chanson sur un gramophone, on retrouve le corps d’une chemise noire, un dénommé Miranda qui semblait particulièrement plaire aux femmes, fracassé au bas d’une falaise. ça ressemble à un suicide, mais notre commissaire, aidé d’un prisonnier qui fut légiste dans une vie antérieure, se met en tête de découvrir ce qu’il s’est véritablement passé.
Carlo Lucarelli, qui a soutenu une thèse de littérature classique, possède un style époustouflant, qu’on savoure avec délice comme une gorgée de Sauternes, un style magnifique et imagé, proche parfois du réalisme magique de Gabriel Garcia Marquez. L’ile de l’ange déchu, écrit en 2002, donne immanquablement l’envie de découvrir d’autres perles de cet écrivain italien né à Parme, connu surtout pour ses romans policiers, mais également dramaturge, animateur de radio, et même héros de bande dessinée.