Enquêtes sur des disparitions tragiques
Ces jours-ci, deux pépites, deux films apparemment fort différents, un polar japonais et un biopic célébrant la musique sud-américaine des années 60, suivent chacun le fil conducteur de la recherche d’une personne disparue.
Dans « A Man« , de Kei Ishikawa, un père de famille meurt d’un tragique accident du travail. Lors de la cérémonie anniversaire, à laquelle sa veuve a convié son beau-frère, celui-ci s’aperçoit que l’homme sur la photo du défunt n’est pas du tout son frère. Qui était-il ? Comment a-t-il fait pour usurper cette identité ? La veuve charge un jeune avocat de découvrir la vérité. Au fil de sa minutieuse enquête, l’avocat comprendra pourquoi cet homme fuyait ses racines, dans un emboitement de poupées russes qui rappelle la quête de l’identité, ou sa perte, dans quatre chefs-d’œuvres de Kobo Abe : La femme des sables (dont Hiroshi Teshigahara a fait un magnifique film noir et blanc), La face d’un autre, Le plan déchiqueté, L’homme boite.
Dans « They shot the piano player« , un journaliste de musique new-yorkais enquête sur la disparition brutale, lors du coup d’État en Argentine, de Francisco Tenório Junior, un pianiste brésilien considéré comme le meilleur de sa génération. Ce dessin animé splendide, dont le graphisme fait penser à celui de Loustal, nous emmène de New-York à Buenos Aires, en passant par Rio de Janeiro, avec une bande son magnifique, célébrant le jazz et la Bossa Nova. Au fil d’interviews de ceux qui l’ont côtoyé, comme les prestigieux Gilberto Gil, Chico Buarque, Vinicius de Moraes, ou encore Tom Jobim, notre journaliste va découvrir peu à peu la glaçante vérité, celle de l’arbitraire et de l’ultra violence des dictatures militaires qui, soutenues ou fomentées par les États-Unis, ont submergé l’ensemble du continent sud-américain à cette époque.
Un peu de musique : Tom Jobim, Chico Buarque, Gilberto Gill, Joao Gilberto, Samba-Bossa Nova