Jean, Jésus et Jacques
Bien que ma vision à la fois scientifique et spirituelle du monde et mon intérêt pour l’Asie, notamment le Japon, me porte plutôt dans la direction des conceptions bouddhistes (du bouddhisme zen, particulièrement), de culture chrétienne, je me suis depuis longtemps intéressé au Jésus historique. 2000 ans après son passage sur terre, le Christ rassemble aujourd’hui 2,2 milliards de croyants, faisant du christianisme la religion la plus pratiquée dans le monde. Qu’on y adhère ou pas, cette réussite incroyable ne peut qu’interroger.
Dans « la véritable histoire de Jésus », titre un peu racoleur j’en conviens, James Tabor compile 30 ans d’étude de la vie du Christ du point de vue de l’historien, qui questionne à la fois les textes et l’archéologie.
Les hypothèses formulées, qui pourraient certes heurter les certitudes des croyants, vont pourtant au plus près du Jésus tel qu’il a pu exister, en son temps, dans son contexte historique, lorsqu’on ne se contente pas de lire dans le texte les sources canoniques (triées par l’église dans les siècles qui ont suivi leur rédaction), qui plus est maintes fois traduites du texte original grec, mais aussi hébreu ou araméen (il faut lire les traductions d’André Chouraqui), et qu’on les interroge dans ce qu’elles ne disent pas, voire dans ce qu’elles voudraient cacher.
A la lumière des manuscrits de la mer morte, des évangiles apocryphes, des historiens latins et juifs, d’autres textes, en particulier de cette mystérieuse « source Q », extraite des différences entre l’évangile de Marc, le premier rédigé, et ceux de Luc et de Matthieu qui s’en inspirent, mais pas que, d’incroyables découvertes archéologiques sur le site de Jérusalem et jusqu’en en Allemagne, se dessine une histoire de Jésus qui n’est pas celle du roman de Dan Brown.
James Tabor estime vraisemblable que Jésus, de lignée davidique (royale), davantage par sa mère que par son père supposé, ne fut pas annoncé par Jean le baptiseur, de lignée lévitique (celle des prêtres), mais plutôt son disciple et son compagnon, dans un judaïsme qui attendait deux messies. Que Jésus, pas plus que Jean, n’avaient l’intention de créer une religion nouvelle, mais qu’ils espéraient un royaume accomplissant la loi dans le monde terrestre. Que l’exécution de Jean par Hérode Antipas, qui n’était pas d’ascendance davidique et craignait comme son père d’être détrôné, précipita la décision de Jésus de monter à Jérusalem pour y subir son martyre en espérant jusqu’à la fin que Dieu détourne la coupe (mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?). Que le disciple aimé n’était pas Jean, ni Marie de Magdala, mais son frère, Jacques, auquel il confia sa mère et la suite de sa mission et que l’église, catholique, romaine et apostolique, se hâta d’oublier, sous la houlette de Paul, qui n’avait pas connu le Messie, si ce n’est dans ses états de conscience modifiée.
Si vous êtes fasciné, comme moi, par ce qui est bien davantage qu’une légende, je vous engage à prendre connaissance de cette étude passionnante, qui révèle bien entendu bien plus que ce que je ne vous en dévoile.
Autres lectures :
Le tombeau de Jésus de Simcha Jacobovici et Charles Pellegrino.
La Découverte du tombeau de Jésus. Estelle Villeneuve, Jean Radermakers, Jean Vervier (l’antithèse du précédent)
Biographie de Jésus de Jean Claude Barreau
Jésus, Illustre et inconnu, de Jérôme Prieur et Gérard Mordillat
Comment jésus est devenu Dieu de Frédéric Lenoir
Marcos, évangile selon Marc, la traduction d’André Chouraqui
Jésus en son temps de Daniel Rops
Golgotha, un poème en prose