Déluge d’acier

Déluge d’acier

Dans la culture Cree, nation amérindienne du Canada, le chemin des âmes est celui qu’emprunte l’esprit à la fin dernière pour rejoindre son créateur. Il prend trois jours, durée du voyage de Xavier, ramené chez lui en canoé, au retour du carnage de la première guerre mondiale, par sa vieille tante indienne.

Quatre ans plus tôt, il s’est engagé avec son meilleur ami, Elijah, dans les troupes canadiennes qui vont s’illustrer héroïquement à Vimy en 1917. Habitués dès leur plus jeune âge à chasser l’orignal dans les forêts canadiennes, les deux amis deviennent rapidement des tireurs d’élite, qui écument le no man’s land, cette zone défoncée par les trous d’obus et parsemée de cadavres entre les deux tranchées de première ligne. Mais alors que Xavier, taiseux, timide et rendu sourd par les déflagrations, s’enfonce peu à peu en lui-même, Elijah, extraverti, qui parle bien l’anglais, prend goût à ces meurtres légaux et se forge auprès des soldats une réputation de sniper d’exception, suscitant la jalousie de Xavier.

Le roman de Joseph Boyden, magnifiquement écrit, plonge dans la psyché de ces deux êtres que la guerre va séparer, décrivant la folie du premier conflit mondial comme avant lui du côté allemand Erich Maria Remarque dans  » A l’Ouest, rien de nouveau  » et du nôtre Henri Barbusse, dans  » Le feu « .

Dans la vie réelle, mon grand père paternel, médecin dont je porte le nom, fut décoré d’une croix de guerre à Verdun, mais mon grand oncle maternel, Edouard Fons, jeune homme brisé qui décrivait l’horreur de devoir tuer les ennemis à la baïonnette, comme le héros de Remarque, mourut vers la fin de cette tuerie.

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