Fourmis rouges

Fourmis rouges

Les fourmis rouges, Michel Jonasz

Quand y’aura plus sur la terre que du beurre fondu
avec le dernier soupir du dernier disparu
dernier boum d’la dernière guerre
dernière ville sous la poussière
et dernier espoir perdu

Ce chemin vert sous les arbustes est protégé
par les premiers soupirs des tous premiers baisers
premier mot d’la première heure
première minute de bonheur
premier serment partagé

Tu t’rappelles on s’était couché
sur un millier de fourmis rouges
aucun de nous deux n’a bougé
les fourmis rouges

est-ce que quelque chose a changé
couchons-nous sur les fourmis rouges
pour voir si l’amour est resté
et voir si l’un de nous deux bouge
couchés sur les fourmis rouges

Tu n’auras jamais peur du vent qui souffle ici
pour les scorpions te fais pas d’soucis
les mauvais chagrins d’hier
les orties dans les fougères
quand on s’aime ils nous aiment aussi

Ce chemin sous les arbustes nous connaît bien
de nos tout premiers rires c’est le premier témoin

Refuge de la dernière heure
et dernière tâche de bonheur

aux premiers signes du destin

Tu t’rappelles on s’était couché
sur un millier de fourmis rouges
aucun de nous deux n’a bougé
les fourmis rouges
est-ce que quelque chose a changé
couchons-nous sur les fourmis rouges
pour voir si l’amour est resté
et voir si l’un de nous deux bouge
couchés sur les fourmis rouges

***

L’image, c’est « Blue Ice » de Christine Rosamond

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