Tsubaki

Tsubaki

Tsubaki est le nom japonais des camélias, une fleur qu’affectionnait particulièrement Yukiko. Le 9 aout 1945, elle échappe miraculeusement à la seconde bombe atomique qui s’abat sur le Japon, trois jours après Hiroshima. La bombe tombe à Nagasaki où elle fait 35 000 morts. Sacrifice inévitable pour terminer la guerre ? Plutôt criminel avertissement des américains à Staline… Fatalité, le bombardement, qui pulvérise le quartier de Urakami, où vivait l’héroïne, visait une autre ville, Kokura, mais fut détourné en raison des conditions de visibilité.

Mais toutes les morts ne sont pas dues à la bombe, et la catastrophe ensevelit le secret qui sa vie durant pèsera sur Yukiko, le poids du mensonge, d’un amour impossible, d’un geste impardonnable.

TSUBAKI est le premier des 5 opus (Tsubaki, Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru) du poids des secrets de Aki Shimazaki. Chaque mince volume de la pentalogie conte la même histoire, mais du point de vue d’un autre de ses protagonistes, et les différents récits s’emboitent les uns dans les autres comme ces élégants casse-têtes tridimensionnels aussi astucieux que mystérieux.

Dans HAMAGURI, c’est Yukio, le demi frère de Yukiko, qui raconte son histoire. Les Hamaguri sont la palourde japonaise, dont les deux morceaux, qui eux aussi s’emboitent de façon unique, sont comme les fragments de deux âmes-soeurs séparées.

TSUBAME est le nom japonais de l’hirondelle. C’est l’histoire de Yonhi Kim, l’orpheline coréenne devenue Mariko Kanazawa pour échapper aux persécutions nippones contre son peuple pendant le grand tremblement de terre de 1923, et qui sera la mère de Yukio. Tsubame est le récit de son enfance, mais laisse dans l’ombre sa liaison avec le père de Yukio.

WASURANAGUSA est aussi le nom d’une fleur, les myosotis (souviens toi de moi) dont Mariko porte une brassée lorsqu’elle rencontre Kenji Takahashi qui deviendra son mari et le père adoptif de Yukio. C’est son récit que développe le quatrième opus.

HOTARU (lucioles) donne à nouveau la parole à Mariko, par l’intermédiaire de sa petite fille Tsubaki, et lève le voile sur le poids du secret écrasant qu’elle partage avec Yukiko, sans qu’aucune des deux n’aient eu la possibilité d’en parler l’une à l’autre. Hotaru revient sur la conception de Yukio et sur le drame de Nagasaki. Ainsi la boucle se referme. On comprend comment le poids du désir, l’emprise d’un homme et la rigidité de la société japonaise ont lié trois générations et comment la tendresse d’une grand mère sauvera sa petite fille de la réplication transgénérationnelle de désirs mortifères.

La romancière, qui est né au Japon et à émigré à Montréal, écrit en français, langue qu’elle n’apprit qu’à l’âge de 40 ans. L’écriture, à la première personne, possède la perfection limpide des objets japonais. La complexité des liens tissés entre les protagonistes du poids des secrets apparait comme un Origami dont chaque opus déplie soigneusement un portion obscure. Au long des pages apparaissent comme en écho des différents récits, l’évocation là des camélias, ici des hirondelles, plus loin des coquilles parfaites des hamaguri, enfin des lucioles, un peu comme ces papillons jaunes qui accompagnaient la présence de Mauricio Babilonia. La lecture de ces réflexions intimes, calme, pudique, douloureuse parfois, est comme une méditation. Aki Shimazaki est également l’auteure d’une seconde pentalogie, au cœur du Yamato.

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