Le point zéro

Le point zéro

C’est la troisième fois que nous rencontrons (avec quel bonheur !) Seichô Matsumoto, né en 1909 à Hiroshima, dont les polars ciselés (Tokyo Express, un endroit discret) n’ont pas pour point central une énigme (telle que nous la concocte Akimitsu Takagi dans Arezumi) mais le mobile du crime.

La littérature policière, sous prétexte de nous délasser dans une promenade qui épouse les méandres du mystère, et de nous mettre dans l’agréable tension de deviner qui a commis le crime, est avant tout l’occasion d’une peinture sociale.

Dans Le point zéro, Teiko fait un mariage arrangé à la fin des années 50 à Tokyo. Mais bientôt, son mari, d’une dizaine d’années plus âgé qu’elle, disparait alors qu’il liquide ses affaires à Kanazawa, sur la côte Ouest du Japon. Teiko part à sa recherche et découvre cette région qui lui paraît sombre et oppressante.

Alors qu’elle plonge dans le passé de son époux et qu’elle découvre qu’il lui avait caché son précédent métier de policier, les personnages qu’elle rencontre semblent promis à leur tour à une disparition funeste. Les cadavres jonchent sa route. Le dénominateur commun semble être une femme, qui aurait eu un passé de « pan pan », ces jeunes femmes contraintes à la prostitution auprès de l’occupant américain, pour survivre dans les jours sombres de l’après-guerre.

Teiko devra remonter au « point zéro », cette époque déjà lointaine où Kenichi, son mari, fit la connaissance de cette femme mystérieuse. Tout au plaisir de pages magnifiques à la gloire des paysages japonais, la lecture de ce texte est aussi une étude sociologique qui montre l’impact de l’occupation américaine sur l’évolution de la position de la femme dans la société japonaise d’alors.  

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