Bête à cornes

Bête à cornes

Attachant protagoniste dans « une liaison pornographique » ou tortionnaire dans « le labyrinthe de Pan », Sergi Lopez avec son accent so sexy, donne en ce moment à la Pépinière un presque one man show qui, sous couvert de nous faire rire, nous promène dans des sentiers plus graves qu’il ne semble.

Presque, car Jorge Picó son partenaire, lui donne la réplique dans les silences d’un être cornu, licorne davantage que cervidé. Entre silences et dialogues falsifiés, poursuites oniriques et faces à face ambivalents, les deux compères distillent la perplexité en suivant pour ligne la rébellion d’un fils qui voudrait échapper à son atavisme mais que l’existence va clouer dans les pas de son père. On pense bien sûr aux notaires de Brel.

Incroyable prestation physique dans un décor minimaliste, où les personnages absents sont suggérés, les espaces mimés dans leur abstraction, les émotions projetées dans leur ambiguïté. L’image du corps, l’importance de l’esprit, la vanité sociale, le sacrifice des idéaux, la lâcheté et l’inéluctable compromission défilent comme devant une lanterne magique.

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