La terre chinoise
Elle, battue dans son enfance, en est devenue incontinente; lui, dernier d’une fratrie de quatre, est considéré par son ainé comme l’idiot du village. Pour s’en débarrasser, leurs familles les marient et ils s’installent ensemble dans un taudis misérable de la campagne chinoise.
Mais ces deux réprouvés se prennent d’une affection pleine de sollicitude l’un pour l’autre. Il est agriculteur et sous leur dur labeur, la terre aride du petit lopin de terre qu’on leur a consenti va porter moisson et promesses d’un avenir meilleur. Les marques de tendresse emplies de pudeur viennent à bout de la timidité initiale et jour après jour, alors que la terre reverdit, on les voit prendre soin l’un de l’autre, à l’étonnement des autres villageois dont les rapports sont marqués par la dureté quotidienne.
La moisson portant ses fruits, à l’imitation des hirondelles alentour, chassées des maisons vouées à la démolition par le parti local, ces deux-là reconstruisent brique à brique, comme leur existence meurtrie, leur maison en pisé.
Le retour des hirondelles de Li Ruijun dépeint par petits touches l’extrême misère des paysans chinois. Interdit en Chine, car soit disant trop réaliste, il dévoile la corruption locale et la machine à broyer la paysannerie, sous prétexte d’éradiquer la pauvreté des campagnes, que mettent en place les autorités communistes.
Ce drame émouvant me fait penser à « La terre chinoise », l’immense roman de Pearl Buck, et on revoit Wang Lung labourer dans la boue, et sa joie la première nuit qu’il passe avec O-Len, épouse qu’on lui avait choisie à la condition qu’au moins elle n’ait pas « la figure vérolée ».