En soi la fin

En soi la fin

Dans un futur proche, il devient possible de collecter les souvenirs dans le cerveau d’une personne récemment décédée et de les implanter dans le psychisme d’un « hôte » dont la conscience est suspendue. L’hôte est alors « loué » aux proches du défunt, afin de leur offrir une dernière chance de dire adieu à l’être aimé.

C’est l’entreprise « Another End » qui commercialise à grande échelle ce « service » qui n’est pas sans évoquer une forme de prostitution, ce qui devient de plus en plus évident au fur et à mesure de l’intrigue. Ebe, qui travaille pour Another End, est chargée de sélectionner les « hôtes compatibles » avec les disparus et de les « attribuer », pour une durée limitée s’entend. Or son frère Sal est incapable de faire le deuil de Zoé, sa compagne, morte dans l’accident de la voiture qu’il conduisait sous l’emprise de l’alcool. Ebe suggère à Sal de faire appel à « Another End » pour dire au revoir à Zoé.

Le film d’anticipation de Piero Messina a donné lieu à des critiques contrastées. Il est intéressant qu’il aborde ce fascinant sujet de science-fiction sans les effets spéciaux attendus : planètes exotiques, robots humanoïdes, cyborgs ou ordinateurs dotés de conscience, mais par une mise en scène dépouillée et intimiste. Unique scène fantastique, qui fait penser à un roman de Serge Brussolo, celle du gigantesque hangar qui abrite les corps de milliers d’hôtes, en attente de leur réveil.

De mon point de vue, Another End revisite le mythe d’Orphée, qui descend aux enfers arracher sa bienaimée des griffes de Hadès. On connait la suite : Orphée trahit le pacte implicite et perd Eurydice à tout jamais. Le dénouement est ici surprenant et évoquera chez les cinéphiles celui de « Les autres » ou de « 6ème sens ». Chez moi, la scène finale évoque un chef d’œuvre de stop-motion : « Her morning elegance ».

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