Tout ce qu’il y a de normal

Tout ce qu’il y a de normal

Courez voir « A Normal Family » du coréen Hur Jin-ho.  C’est l’adaptation du roman Le Dîner de l’écrivain néerlandais Herman Koch. Le rythme crescendo qui va d’une situation « normale » (sic) vers une apocalypse émotionnelle m’a fait songer à Carnage, un des chefs-d’œuvre de Roman Polanski.

On y plonge dans les dessous inconscients de la rivalité entre frères, nourrie par les non-dits familiaux et la préférence passée d’une mère désormais sénile pour son ainé, brillant et (donc) riche avocat dont l’éthique semble de prime abord pour le moins discutable. Le cadet, chirurgien, est en revanche particulièrement investi auprès de ses malades, au point de négliger sa propre famille. C’est souvent le cas oserait-on dire. 

L’action débute par une violente altercation entre deux automobilistes, un gosse de riche qui se prend pour Fangio dans sa voiture de sport et un père de famille excédé qui dégaine une batte de base-ball pour défendre son point de vue. La scène vire au drame.

L’avocat va défendre le criminel, tandis que son médecin de frère va tenter de maintenir en vie le daron.

Entretemps, les ados des frangins vont faire des leurs…

L’extraordinaire de ce drame qui confine au thriller, mais aussi à la comédie dramatique, est le point de vue subjectif qui crée ce qu’on peut désigner comme un vertige émotionnel chez un spectateur dont l’empathie va se distordre au fur et à mesure des modifications de points de vue, pas seulement de caméra, mais de mise en scène.

Sur le fond, c’est une réflexion sur l’éthique, l’empathie, la subjectivité, les rapports familiaux et plus profondément un questionnement – terriblement d’actualité – sur la violence et le vide moral abyssal qui infectent la société moderne. Sans parler du mal que lui infligent les réseaux dits sociaux.

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