OUT : âmes sensibles s’abstenir

OUT : âmes sensibles s’abstenir

Comme les trois mousquetaires, elles sont quatre : Masako, Yoshié, Yayoi et Kuniko. Mariées à des hommes indifférents, violents ou volages, elles travaillent de nuit, à la chaine, pour nourrir leur famille, dans une fabrique de paniers-repas dans les parages de laquelle sévit un maniaque sexuel.

Masako Katori est la cheffe de file du quatuor. Directe, intrépide, c’est une grande bringue mince et masculine, qui s’occupe peu de son apparence physique. Son époux, indifférent, fait chambre à part depuis deux ans et son fils Nobuki est en pleine crise d’adolescence.

Yoshié Azuma, dite « la patronne », plus âgée, est veuve. Dévouée, tenace, elle s’occupe courageusement de sa belle-mère grabataire et acariâtre, et de sa fille cadette Miki, adolescente écervelée et égoïste. Sa fille ainée, Kazué, mère célibataire d’un petit Issey, débarque du jour au lendemain pour lui confier sans préambule la charge supplémentaire de son petit-fils.  

Yayoi Yamamoto, particulièrement jolie, a deux enfants en bas âge. Elle est mariée à Kenji, un bon à rien ivrogne, violent, volage et joueur pathologique.

Kuniko Jonuchi, dont le mari s’est évaporé dans la nature trois mois auparavant, est petite, boulote, et compense ses complexes en accumulant les dettes pour acheter sans fin des vêtements tape à l’œil. Jalouse, frustrée, malveillante, elle roule en cabriolet décapotable dont le crédit est loin d’être payé.

Un soir funeste, quand Yoshié découvre que Kenji, complètement saoul, a perdu au jeu toutes leurs économies, elle l’étrangle sous l’emprise d’une rage inextinguible. Que faire du corps ? Elle se tourne vers Masako, qui décide de l’aider et fait bientôt appel aux deux autres.

Heureusement pour elles, le police va rapidement soupçonner le patron du bar d’entraineuses où Kenji dépensait son argent, un certain Sataké Mitsuyoshi, ex-taulard, mauvais garçon au lourd passé. Mais un usurier de petite envergure qui fréquente les yakuzas, Akira Jumonji, grand amateur de lycéennes qui a croisé la route de Masako dans une autre vie, flaire dans cette affaire un moyen de gagner beaucoup d’argent.

Condition de la femme au Japon, conjoints absents, travail dévalorisant, vie quotidienne déprimante, frustration et soif d’argent mortifère : Natsuo Kirino réunit dans « OUT » les ingrédients pour que « l’animal tapi au fond du marécage » émerge de sa fange. Ce polar japonais qui nous fait plonger dans les tréfonds boueux de l’âme humaine se dévore du début à la fin, mais âmes sensibles s’abstenir, certaines scènes leur sont hautement déconseillées.

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