« Le vent se lève, il faut tenter de vivre »
Posté le 14 Février 2014
Quel régal qu’un Miyazaki.
Celui-ci serait-il le dernier, vraiment ? Il nous est permis d’espérer des créateurs de génie que leurs promesses de retraite dorée ne leurrent jamais qu’eux-mêmes…
Le vent se lève, qui se réfère à la période, terrible aussi pour le Japon, de la seconde guerre mondiale et de la conception de l’avion zéro, triste héros de Pearl Harbour et du sacrifice des Kamikaze, parvient à retranscrire ce sujet grave avec toute la féérie du voyage de Chihiro ou du Chateau dans le ciel.
Le zéro fut un véritable mythe, jamais surpassé en terme de maniabilité. Miyazaki dépeint la passion dévorante de son jeune créateur, hanté jusque dans ses rêves par la perfection de l’aéronef qu’il va imaginer. Mais les ailes rouges de la guerre donnent le ton mélancolique qui teinte le film en toile de fond. L’amour se révélera l’ingrédient indispensable à la force créatrice de cette arme de destruction totale, mais le démiurge n’échappera pas au pacte faustien qu’il faudra en fin de compte honorer.
Certains pensent que Miyazaki serait passé à côté de la dimension diabolique qu’implique la genèse de cette arme de guerre. C’est peut-être oublier les références culturelles inconscientes des japonais au code d’honneur des guerriers, dont on dit que Yukio Mishima fut la dernière victime. En arrière plan de la prouesse guerrière est toujours présente l’expiation rituelle du seppuku. Il est peu concevable que dans l’âme d’un nippon, soit passé inaperçu le contrepoint à Pearl Harbour que fut la punition d’Hiroshima et de Nagasaki.