A la vie
Posté le 06 Décembre 2014
Si la baisse automnale de luminosité vous affecte, si vos poches ne suffisent pas à réchauffer vos mains glacées, si les dernières horreurs perpétrées par vos frères humains vous préoccupent, entrez dans une salle de cinéma et courez voir « à la vie » de Jean-Jacques Zilbermann.
Le film commence effectivement dans la grisaille, la nuit et le brouillard, les monceaux de cadavres et la terreur. L’horreur de la marche de la mort, dans la neige et le froid glacial, l’absence abyssale de pitié des SS.
15 ans plus tard, 3 survivantes (Julie Depardieu, Johanna ter Steege, Suzanne Clément) qui s’étaient rencontrées, adolescentes, à Auschwitz, se retrouvent à Berck Plage. Comme tous les anciens déportés, elles trainent avec elle, consciente ou non, la culpabilité d’avoir survécu et le poids de l’indicible. Comme l’une le dit à l’autre : » N’en n’as tu pas assez d’assurer le service après – vente d’Auschwitz ? «
Ces quelques jours vont être l’occasion pour la brune, la rousse et la blonde (on retrouve le charismatique trio formé par les sorcières d’Eastwick), d’une catharsis qui va les accoucher de la mort vers la renaissance. Point de pathos, mais la luminance de femmes qui s’aiment, se comprennent, se donnent l’absolution et la permission de vivre enfin. Elles qui ont laissé leur jeunesse dans les camps, doivent apprendre à faire le deuil de ce qui ne pourra être expié et réapprendre à être femmes. Les chants Yiddish de la bande sonore magnifient la photographie. L’émotion est contenue, pudique, en tension avec un humour tendre, heureusement éloigné du cynisme inhérent à ce qui a été désigné par les déportés eux-mêmes comme « l’humour des chambres à gaz », ultime tentative de résilience face à l’absurdité.
Allez voir « A la vie », vous en sortirez rechargés de lumière et d’optimisme, assez pour vous chauffer le cœur à la manière d’un grand soleil.