Le monde comme il va
Pour ceux d’entre-vous, parisiens ou non, qui n’ont eu ni le temps ni l’occasion d’aller voir cette surprenante exposition de la fondation Pinault, profitez des images que j’y ai volées ce week-end, car vous n’aurez, hélas, plus l’opportunité de la savourer sur place. Mais la bourse du commerce est en elle-même une œuvre d’art époustouflante que je vous invite à découvrir et moi-même, je suis capté à chaque visite davantage, par cette beauté tout à la fois classique et hyper-moderniste. Un grand bâtiment circulaire qui fut la halle au blé, couvert d’une immense verrière qui l’inonde de lumière et, doublant l’architecture classique, une structure brutaliste insensée qui insère son cylindre en béton poli dans cet écrin.
Chaque nouvelle expo de la collection Pinault est un remue-méninges qui étonne, déconcerte, parfois irrite, en tout cas remet en question notre conception de l’art.
Cette fois j’ai été stupéfié par l’idée géniale de Kimsooja : recouvrir le sol de l’atrium d’un miroir géant qui reflète la coupole et transforme l’espace cathédrale en profondeur abyssale. On est saisi d’une impression vertigineuse, la sensation d’être en lévitation dans l’espace.
Dans les salles d’exposition, on traverse un forum ou errent en fauteuils roulant des figures du passé, on trouve une Ferrari dont les prétentions se sont fracassées sur le mur de la réalité, puis on admire la pièce maitresse, le célèbre balloon dog de Jeff Koons, sculpture colossale en acier poli qui domine les visiteurs du haut de ses 3 mètres et, à fois cheval de Troie et obscur objet du désir, reflète leur étonnement et leurs pensées les plus secrètes (et malheureusement, leur activité narcissique principale, le selfie). On peut acquérir à la librairie sa maquette, pour la modique somme de 55 000 euros (les VIP qui ont acquis la carte annuelle auront 10% de réduction, mais on se demande combien peut bien valoir l’original).
Après l’extase, découverte glaçante : c’est un premier communiant agenouillé dans le noir… dans la noirceur plutôt, car au détour de cette figure angélique présentée de dos, de face on découvre… le visage moustachu et menaçant du führer !
Pour vous remettre de vos émotions, allez donc déjeuner (ou dîner) dans le concept-store japonais voisin: iRASSHAi. Je lui consacre mon prochain article.