Juin 79 : Riguidel remporte la Transat en double devant Tabarly

Juin 79 : Riguidel remporte la Transat en double devant Tabarly

J’ai commencé avec un grand plaisir à numériser les photographies que je prenais à partir de la fin des années 70, des diapositives à cette époque, qui parait désormais lointaine. Faire revivre ces clichés me remémore des foules de souvenirs dont celui de cet événement précis.

En juin 1979, alors que mon frère cadet passait son bac, d’élève officier médecin à l’école de Santé Navale, je me suis retrouvé marin pour trois semaines sur le dragueur de mine Alençon, qui parcourait les « rails » de la rade de Brest où l’on dénichait encore, de temps à autre, un cadeau explosif de la dernière guerre mondiale.
Je passai la première nuit dans une bannette dont le « lit » avait été obligeamment fait « en portefeuille » par les malicieux midships du bord, bizutage du bleu oblige.
Mais accueilli également dans les carrés des officiers alentours, où l’on faisait bonne chère et dont les caves à vin étaient pour le moins bien garnies, le séjour n’était pas si désagréable, si ce n’avait été ce mal de mer qui se transformerait en mal de terre à mon retour. Les « pachas » (commandants de bord), qui se plaisaient à m’appeler « docteur », étaient sympathiques et n’hésitaient pas à se confier à moi, particulièrement l’enseigne de vaisseau de première classe qui me recevait le soir sur le bâtiment voisin, le Mitho, pour refaire le monde autour d’une bonne bouteille. Les autres vaisseaux répondaient à des noms pittoresques : l’Orage, le Tonnerre, le Baccarat, l’Aconit…

C’était un temps d’aventure qui préfigurait mes futures opérations extérieures dans le Golfe persique, en Bosnie Erzégovine ou plus tard en Afrique. Je me souviens avoir été hélitreuillé d’un bâtiment à l’autre : ça faisait son petit effet au jeune de 19 ans que j’étais, d’apercevoir le navire, 30 mètres en contrebas. J’occupais mes journées à soigner les bobos du bord, petites coupures, maux de tête et mycoses diverses, et à apprendre des rudiments de navigation.

Le 28 juin, le pacha eut l’idée sensationnelle d’aller faire un tour vers les bateaux de course de la Transat en double, qui en était à sa toute dernière phase. On n’avait pas le droit d’aborder, évidemment, mais le pacha, que j’accompagnais sur le dinghy de l’Alençon, avait apporté une bouteille de champagne pour les célèbres navigateurs. C’est à cette occasion que j’eus le privilège de prendre ce cliché d’Eugène Riguidel sur VSD, qui ne savait sûrement pas qu’il était sur le point, avec Gilles Gahinet, de coiffer au poteau (de 5 minutes !) l’immense Éric Tabarly sur Paul Ricard, que j’aperçus de loin seulement.

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