Bernie Gunther : humour noir dans le Berlin de l’après-guerre
J’ai découvert avec délectation l’humour grinçant de Bernie Gunther, détective privé dont la désillusion n’a d’égale que la sagacité, dans l’offrande grecque, une de ses dernières aventures parmi les 14 racontées avec brio par Philip Kerr. Ne serait-ce le contexte dramatique de l’époque, minutieusement reconstituée par l’écrivain (L’Allemagne en ruine de l’après guerre), certaines pages sont à mourir de rire.
Dans sa trilogie berlinoise, Kerr nous emmène dans une Allemagne déchirée entre les ombres du nazisme et la reconstruction compliquée qui suit la Seconde Guerre mondiale. Gunther, qui cultive un cynisme de façade, navigue entre agents doubles et prostituées à travers les complexités morales d’une époque ambivalente.
Anti-héros à sa façon, revenu de tout, celui qui fut alternativement policier, officier SS, soldat sur le front de l’Est et prisonnier dans un camp de concentration russe est en quête d’une impossible rédemption, dans une Allemagne corrompue et opportuniste, qui cherche à enterrer les fantômes du passé. Ses remarques acerbes, désabusées, mais qui font immanquablement mouche, sont l’ultime rempart qu’il dresse devant l’absurdité des situations qui souvent mettent en jeu la vie des différentes protagonistes, quand ce n’est pas la sienne.
Un régal,
et en plus on apprend l’histoire…