Bernie Gunther : humour noir dans le Berlin de l’après-guerre

Mon frère m’a fait découvrir avec délectation l’humour grinçant de Bernie Gunther, détective privé dont la désillusion n’a d’égale que la sagacité, dans l’offrande grecque, une de ses dernières aventures parmi les 14 racontées avec brio par Philip Kerr. Ne serait-ce le contexte dramatique de l’époque, minutieusement reconstituée par l’écrivain (L’Allemagne en ruine de l’après guerre), certaines pages sont à mourir de rire.
Dans sa trilogie berlinoise, Kerr nous embarque dans une Allemagne déchirée entre les ombres du nazisme et la reconstruction compliquée qui suit la Seconde Guerre mondiale. Gunther, qui cultive un cynisme de façade, navigue entre agents doubles et prostituées à travers les complexités morales d’une époque ambivalente.
Anti-héros à sa façon, revenu de tout, celui qui fut alternativement policier, officier SS, soldat sur le front de l’Est et prisonnier dans un camp de concentration russe est en quête d’une impossible rédemption, dans une Allemagne corrompue et opportuniste, qui cherche à enterrer les fantômes du passé. Ses remarques acerbes, désabusées, mais qui font immanquablement mouche, sont l’ultime rempart qu’il dresse devant l’absurdité des situations qui souvent mettent en jeu la vie des différentes protagonistes, quand ce n’est pas la sienne.
Un régal,
et en plus on apprend l’histoire…
post-scriptum du 24 mai 2025 : je viens de savourer avec tout autant de plaisir « Hôtel Adlon » qui raconte une enquête de Bernie Gunther commencée en 1934, en pleine montée du nazisme, alors qu’il est responsable de la sécurité de ce somptueux hôtel berlinois, et qui trouvera sa conclusion 20 ans après, à La Havane où notre héros, qui espérait se faire oublier, est rattrapé par son passé. C’est si jouissif que je vais acheter la série entière.
Par ordre de parution, Philippe Kerr nous ayant hélas quitté en 2018 :
- L’Été de cristal, se déroule en 1936.
- La Pâle Figure, 1938.
- Un requiem allemand, 1947-1948. Ces trois titres sont parus avec une traduction révisée dans La Trilogie berlinoise.
- La Mort, entre autres, 1949 après un prologue situé en 1937.
- Une douce flamme, 1932 et 1950.
- Hôtel Adlon, 1934 puis 1954.
- Vert-de-gris, 1954.
- Prague fatale, 1941.
- Les Ombres de Katyn, (que je suis en train de lire) 1943.
- La Dame de Zagreb, 1943.
- Les Pièges de l’exil, 1956.
- Bleu de Prusse, 1939 après un prologue situé en 1956.
- L’Offrande grecque, 1957.
- Metropolis, 1928.
Ou par ordre chronologique : 14, 6, 1, 2, 12, 8, 9, 10, 3, 4, 5, 6, 7, 11, 12 et 13