Amours impossibles
Les cinéma MK2 diffusent en ce moment la rétrospective inédite des films, restaurés de Kinuyo Tanaka, actrice célèbre passée derrière la caméra dans l’âge d’or du cinéma japonais. Les six films au charme noir et blanc suranné font revivre le Japon des années 50, profondément meurtri par la défaite et ployant sous le poids de la honte et de la culpabilité.
Dans des scènes intimistes, on découvre ces jolis intérieurs japonais, tables basses, portes coulissantes, où les chaises n’ont pas encore pénétré, alors que les hommes partent travailler en costume occidental, pantalon à pinces et chapeau typiques de cette belle époque, pour revêtir le yukata dans l’intimité de leur intérieur. Quel plaisir d’écouter ce japonais familier et de saisir au vol des « gomen, ne » (pardon), « ohayo » (bonjour), « Hirashaimasu » (bienvenue)…
Kinuyo Tanaka s’intéresse à la sociologie de cette société fracturée de l’après-guerre, ou les gens survivent de petits boulots pour les hommes et parfois d’expédients encore moins honorables pour les femmes, ces « pan-pan » dont il est question dans le point zéro, le roman de Seichô Matsumoto.
Au gré des non-dits, des silences, des colères, des face à face (dans « lettre d’amour ») de la mort qui rôde (dans « maternité éternelle ») on retrouve l’atmosphère inénarrable des films de Wong Kar Wai ou de Hiroshima mon amour d’Alain Resnais.