Fleurs du mal
Ian Manook, le talentueux auteur de Yeruldegger (le fascinant policier mongol), et de sa suite, les temps sauvages, signe Mato Grosso, un polar vénéneux, noir, à la gloire du Pantanal.
Le récit conte la confrontation entre un écrivain, Jacques Haret, qui revient au Brésil 30 ans après y avoir vécu des amours torrides et malheureuses, qui l’ont conduit à un meurtre sordide, et Santana, le policier corrompu qui a mené la danse depuis le commencement. Le patronyme même des protagonistes, dans un monstrueux jeu de mots, rappelle celui de Robert de Niro, dans « Angel Heart« , le film d’Alan Parker, avec Mickey Rourke du temps de sa beauté, en 1987 : c’est une « chronique d’une mort annoncée« .
Serpents qui tordent leurs anneaux dans une jungle luxuriante, insectes et araignées énormes, caïmans endormis dans des cours d’eau boueux, soleil de plomb alternant avec des déluges tropicaux, alcools éblouissants, sensualité de mulâtresses voluptueuses dans la moiteur des après-midi, assassins à l’affut, tous les ingrédients sont réunis pour un jeu de miroir malsain où passé et présent se répondent dans une imbrication mortifère, un roman à l’intérieur du roman.
Yann Manook, qui a remporté de nombreux prix pour Yeruldegger, sait générer une atmosphère empoisonnée dans un style aux accents baudelairiens, qui aurait pu valoir à Mato Grosso un Goncourt, à mon avis plus mérité que ceux accordés à l’Anomalie ou à La carte et le territoire.
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Vous aurez reconnu la charmeuse de serpents du douanier Rousseau, qu’on peut admirer au musée d’Orsay.