1912 – 2012 : un siècle en Chine

1912 – 2012 : un siècle en Chine

Posté le 21 Octobre 2012

Si vous ne l’avez pas acheté à l’époque, voici un petit digest.

Ce collector de la revue l’Histoire retrace avec bonheur cent ans qui ont mené la Chine du dernier empereur à l’économie de marché. Les textes concis et agréablement illustrés de sinologues renommés éclairent la « longue marche » du peuple chinois depuis la cour médiévale de l’impératrice Cixi, à travers les années sombres du maoïsme vers le pays-continent que nous avons tant de mal à comprendre.
1912, proclamation de la république par Sun Yat-sen, médecin converti au christianisme, fondateur du kuomintang. Suivront les années Chiang Kai-Shek et la terrible guerre sino-japonaise, marquée en décembre 1937 par l’inexpiable « viol de Nankin » : durant deux mois, l’armée impériale va massacrer et torturer les civils, violer femmes et fillettes, ancrant pour longtemps un ressentiment qui empoisonne encore les relations entre les deux pays. En 1949 Chiang perd la partie contre les communistes et se réfugie à Taïwan, laissant le champ libre à Mao.
C’est l’irrésistible ascension d’un fils de paysan qui devient communiste en 1920 et transforme la déroute de la longue marche (1934-1935) en symbole de victoire de l’armée rouge. De 1949 à sa mort en septembre 1976, Mao aura imposé au peuple chinois 36 millions de morts de faim dans la catastrophe du « grand bond en avant » en 1958, puis la terrible épuration de la « révolution culturelle » lorsqu’il se servira des gardes rouges pour éliminer au printemps 1966 les opposants du parti et des élites : 4 millions de morts et l’humiliation de pratiquement un adulte chinois sur deux.
On comprend mieux la soif de changement des chinois auxquels le grand timonier avait promis qu’ils ne seraient plus jamais des esclaves. 400 millions de chinois sont sortis de la misère depuis 30 ans, parallèlement à l’émergence de quelques centaines de milliardaires et d’un million de millionnaires. Le développement favorise les zones côtières aux dépends des régions centrales et au prix d’injustices et de larges inégalités qui sont les pieds d’argile du colosse : 200 millions de « sans-droit » mi sans-papiers, mi SDF, qui servent de main d’œuvre au Moloch des grands chantiers.
Un Tibet annexé, le manque de millions de chinoises qui ne seront jamais nées ou furent victimes d’infanticide, triste bilan de la politique de l’enfant unique. Un pays dépendant, dans son anarchique et bluffante croissance, de la crise qui atteint l’ensemble du monde occidental, et qui en dépit de Tien Ann Men n’a pas encore exorcisé les démons du totalitarisme.

Pour me replonger dans cette épopée, je relirais bien « La terre chinoise » de Pearl Buck (Prix Nobel de littérature 1938) et ses suites : « les fils de Wang Lung » et « fils de dragon », tout comme « le patriote » qui aborde les relations des fils et des filles de l’empire du milieu et du pays du soleil levant.

Et pourquoi pas : revoir la fresque bouleversante de Bertolucci : « Le dernier empereur » (1987), le non moins bouleversant « in the mood for love » de Wong Kar Wei ou encore « Lust and caution » de Ang Lee ?

Pour finir la soirée dans un restaurant de la rue d’Ivry où il est désormais si agréable de se rendre par la ligne 14…

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