Vent d’Est, vent d’Ouest

Tout d’abord rebuté (effrayé) par des quatrièmes de couverture  abomifreuses, où il est question de tueurs en série et de collections de  femmes démembrées, j’ai fini par me laisser tenter par la série  chinoise en échangeant avec une bibliophile de rencontre des impressions  de polars qui nous avaient enthousiasmés. Je lui recommandai  l’exceptionnel Yeruldelgger, de Ian Manook, savoureux polar à la sauce mongole ; elle réussit à me convaincre que non seulement l’intrigue de Peter May allait me tenir en haleine jusqu’à la dernière page, mais que j’y gagnerais un voyage dans le Pékin labyrinthique de l’auteur.
 Je me délecte du troisième tome et j’avoue que l’improbable tandem Li  Yan – Margaret Campbell est à la hauteur des promesses qui m’ont été  faites. Lui, susceptible, méticuleux, pointilleux même, pétri des  valeurs ancestrales d’une Chine traditionnelle et des principes  avunculaires selon lesquels le diable se cache dans le détail ; elle,  légiste américaine aussi perfectionniste dans sa fréquentation des morts  qu’elle dissèque avec jubilation en exorcisant ses démons intérieurs.  On s’en doute, la rencontre entre la rousse incendiaire aux magnifiques  yeux bleus et l’athlétique policier chinois d’un mètre quatre-vingt  n’est pas de tout repos, plutôt explosive même. 
 La trame, qui se délecte de macabre, nous entraine dans les méandres de Pékin  et de Shanghai, entre modernité et tradition, ruelles labyrinthiques et  gratte-ciels gigantesques, séquelles de la révolution culturelle et  formalisme des rapports sociaux, corruption au plus haut niveau et  cuisine chinoise.  Vous allez adorer. 
