Qu’est ce que la photographie
Une petite expo sans prétention qui pose de façon amusante les questions sous-tendues par cette façon bien particulière d’appréhender le monde, au musée Georges Pompidou, dont j’apprécie sans lassitude la lumineuse architecture et le panorama magnifique qui s’offre depuis ses hauteurs, depuis la colline de Montmartre à la tour Saint-Jacques, en passant par le régal des toits parisiens classés (déjà ? bientôt ? je ne sais plus) au patrimoine mondial.
D’un point de vue spatial, notre espace est holographique. D’un point de vue temporel, le cosmos nous envoie des images d’événements passés, depuis des milliards d’années parfois. L’exposition nous rappelle que chaque image n’existe que depuis un point de vue et un seul : celui où s’est posé le regard, qui englobe « le cône perceptif » dont le sommet est notre rétine. L’appareil photo (la camera obscura, la chambre obscure) ajoute un élément de choix qui fait que d’un même point de vue, une infinité d’images restent possibles (comme une infinité d’univers parallèles) : celui de la focalisation, qui ne fait jamais que reproduire celle de notre lentille physiologique, le cristallin. Sans parler du choix de la focale, donc de la largeur du champ appréhendé, un autre élément est décisif : le temps d’exposition (choix délicat de la balance entre l’ouverture et le temps de pose), qui peut d’une même scène renvoyer une image et son contraire.
On le voit, la photographie, c’est la mise en abime du mythe de la caverne. Qu’est ce que « prendre » une photo ? ai-je écrit sur mon profil FlickR : « comment passer d’un acte prédateur à un instant de don de soi, de quasi méditation ? Qu’est ce qu’une image fixe ? Le témoignage d’un instant, arbitraire compromis entre la fugacité du temps qui coule et le choix nécessaire qui s’impose au regard. C’est l’instant où l’archer lâche prise, où le souffle se suspend, où le cœur et l’image ne sont plus qu’un ».