Plus vrai que vrai ou Faux-Semblants ?

Plus vrai que vrai ou Faux-Semblants ?

Posté le 21 Septembre 2013

Plus aucune excuse pour rater l’expo Ron Mueck à la Fondation Cartier : elle est prolongée jusqu’au 27 octobre !

De loin, tout à l’air calme et serein : le jeune couple qui se tient côte à côte, le vieux couple qui lézarde sous un parasol, l’ado afro-américain qui soulève sont tee-shirt, l’homme bronzé qui dérive sous le soleil exactement, montre de luxe au poignet, étendu sur un matelas pneumatique, jusqu’au poulet accroché qui attend lui aussi de rôtir.

Comme souvent, à y regarder de plus près un imperceptible (et progressif) glissement s’opère, un indicible malaise s’installe, une émotion presque malsaine vous envahit.

La façon dont le couple se tient par le bras, lorsqu’on l’observe de dos, n’est pas vraiment apaisante, le couple sur la plage est démesurément avachi, la carnation livide, couperosée, parcourue d’un lacis veineux, de rides et de plis évoque irrésistiblement la vraie vie, celle, loin des standards hollywoodiens ou des magazines de charme, qui est vouée à se faner et à se corrompre.

On s’aperçoit alors que le matelas pneumatique dressé fait de l’homme étendu un crucifié, que précisément l’ado afro-américain dévoile la plaie du flanc droit infligée par la lance sur le Golgotha, et que les pattes du poulet, immense, qui nous surplombe, évoquent les mains d’un supplicié.

Un film de 52 minutes montre l’artiste dans son atelier, non sans quelques clins d’œil, comme un membre qui sort d’une poubelle ou le ratage d’un œil qui se transforme en œuf à la coque.

On l’a compris, ces fantastiques sculptures hyperréalistes qui jouent sur les plus fins détails et sur les anomalies d’échelle (géantes ou réduites), interpellent bien davantage encore qu’elles n’impressionnent. La psychanalyse rode.

En sortant, pour vous détendre, mais rester dans une éclectique ambiance artistique, allez déguster les produits du terroir et le Beaumes de Venise de « la mère agitée » (l’antidote du « père tranquille »), c’est juste à côté, un endroit que n’aurait pas désavoué Théodore Sturgeon, auteur du Bouffon caratique.


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