Chronique d’une mort annoncée

Chronique d’une mort annoncée

Après le magnifique « les éternels » de Jia Zhangke, c’est au tour de Diao Yinan, metteur en scène de « Black coal » de nous livrer une perle. « Le lac aux oies sauvages », comme son titre ne l’indique pas (le titre chinois en est « rendez-vous à une gare du sud ») est un film noir qui alterne savamment scènes d’action violentes et crues comme un Tarantino, et déambulations intimistes dans une Chine nocturne de réprouvés et d’assassins.

Les abords du lac, où exercent les baigneuses, des prostituées à l’immense chapeau blanc, contrepoint à la noirceur du propos, sont une zone de non-droit que la police « ne contrôle pas ». Zenong Zhou, jeune chef d’un gang de voleurs au passé déjà encombré d’un séjour en prison n’a pas vu sa femme et leur enfant depuis plusieurs années. Il est abordé en pleine nuit dans une gare, par Liu Aiai, dont on découvre qu’elle est l’une de ces baigneuses, à la lueur d’une cigarette qui donne le ton de l’intimité qui va se créer, pour quelques heures, entre eux.

Alors que les scènes d’action sont dignes d’un film d’art martiaux Hong-kongais, sans rechigner sur l’hémoglobine (scène d’anthologie qui transforme un parapluie en arme terrifiante), le dialogue qui se noue entre Zenong et Liu a des accents de « In the mood for love », notamment lors des scènes magnifiques où les silhouettes n’apparaissent qu’en projection d’ombres chinoises.

Contre toute attente et malgré sa jeunesse, Zenong, comme Johnny Depp avant lui dans « the brave » s’offrira en victime expiatoire à la recherche d’une rédemption et ses déambulations nocturnes avec Liu rappellent également les derniers instants, poignants, des amants dans « Hiroshima mon amour ».

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