Catharsis (Les ogres)

Posté le 04 Avril 2016
 Alors que les bourgeons explosent en une éruption dont la simultanéité verte étonne, 
 sort sur les écrans le troisième film de la jeune toulousaine Léa Fehner  nommée au César du meilleur premier film en 2010. Les critiques prêtent  à cet ofni des accents de Kusturica, voire de Fellini (comment ne pas penser à la Strada ?).
 j’y ai trouvé pour ma part une explosion roborative   d’émotions contradictoires, de grandeur et de bassesse, d’amour et de  haine, de finesse et de vulgarité, un débordement d’hormones juvéniles,  et l’illustration parfaite de la psychothérapie familiale. 
 Au début de l’intrigue, les personnages nous font regretter l’étroitesse  de notre existence petit-bourgeoise, tant la fraicheur du monde qu’ils  se sont construit parait parée pour le paradis. 
 Ce ne sont que débordements de joie, de spontanéité, voire d’extase. 
 La suite nous chasse du paradis terrestre : ces démonstrations  hystériformes de bonheur recouvrent la difficulté d’une vie errante sans  intimité, sous l’autorité tyrannique d’un patriarche ambivalent qui  fait taire les souffrances anciennes pour que chaque soir l’exigence de  la piste reprenne ses droits. 
 Les sentiments, exacerbés, tapis dans l’ombre d’anciennes rancunes et de  douleurs inexpiées, reviendront malgré toutes les tentatives de les  étouffer, à la lumière du chapiteau, sous l’œil implacable de monsieur  déloyal.
 Laissons la poétique phraséologie du thème principal de la BO, qui rappellent les textes écrits il y a plusieurs décennies par les enfants terribles, exprimer mieux que moi les attentes, la liberté et la fragilité de ces enfants de la balle :
 Je tapisse mes lèvres 
 d’obscènes offrandes
 J’enfourche le crépuscule 
 et tourne dans l’autre sens
 Je ne suis fait pour rien, vraiment
 Et le monde est en moi
 Je ne transmets rien, vraiment,
 Et le monde me comprend.
 Une femme, 
 une femme à sa fenêtre réclame,
 Rebelle dans son être, 
 De l’âme
 Que souffle la tempête 
 De l’âme
 Que souffle la tempête.
 laïlala la laïlala lalalala laïlala laïlala 
 laïlala la laïlalala lalala laïlala laï lalala 
 J’abandonne mes rêves
 Je reste une demande
 Fidèle renoncule
 Je croule sous le sens
 Je ne veux rien vraiment  
 Et c’est une exigence
 De n’être rien vraiment, 
 C’est peut être une chance… 
