A la poursuite de l’oasis rouge
Bien qu’YSL y ait célébré un outremer magnifique, et en dépit des mille et une nuances de jaune, d’ocre ou d’orangé qu’elle offre au regard, Marrakech reste pour moi la cité rouge.
En dépit du joug sans cesse plus pesant d’un tourisme qui tyrannise la ville depuis qu’enfant je découvrai, fasciné, les charmeurs de serpents de la place Jama El Fna, Marrakech a su préserver l’ambiance d’un film de Bertolucci.
C’est un festival pour les sens, tour à tour captés, ensorcelés ou horrifiés. Note de cannelle d’une pastilla au pigeon, onctuosité de l’huile d’Argan, musique aigre qui tient les reptiles à distance ou appel à la prière, effluves du bois de cèdre ou remugles du quartier des tanneurs… L’œil est happé par une myriades de détails : éclat cuivré d’un ustensile de bronze, morcellement d’une mosaïque, texture poudreuse d’un cône d’épices, vitrail coloré d’une lampe, silhouette d’un palmier qui se découpe en contre-jour sur la toile de fond de l’Atlas.
Mais de loin en loin c’est le rouge, le rouge profond ou clair, carmin ou rose, direct ou spéculaire, qui se réverbère d’une muraille à une autre, et qui colore le lacis labyrinthique des venelles de la Médina.