Se méfier des apparences

Posté le 06 Novembre 2012
Comme je venais de dévorer l’épais premier tome de 1Q84 de Murakami (1984,  je l’ai lu en… 1984), et que je n’avais pas le second sous la main, comme enfin, dans ma volupté de lecture  vespérale je tenais à rester dans une veine nippone,  j’ai attaqué « Tokyo Express » de Seishô Matsumoto, qui prenait la poussière sur une de mes étagères (Tokyo express, pas Matsumoto). 
 Pour un accro de littérature japonaise (j’ai commencé il y a bien longtemps par « le tumulte des flots » de Mishima),  comment ai-je pu passer à côté d’une perle pareille ? 
 Tokyo express n’est pas ici le nom de code  donné par les alliés au transport maritime nocturne des navires de la  marine impériale entre les iles Salomon et la Nouvelle-Guinée durant la  guerre du Pacifique. Le roman narre les tribulations de l’inspecteur  Mihara  entre le sud et le nord du pays du soleil levant. Matsumoto nous  emberlificote dans les fausses pistes du plan machiavélique qu’un homme  d’affaire véreux et des politiciens corrompus imaginent pour maquiller  un meurtre horrible qui doit couvrir leurs arrières. 
Au fil du livre, on  découvre la beauté de la côte japonaise et la tortuosité de l’esprit  humain (à moins que ce ne soit l’inverse), dans un style étonnamment  moderne si l’on songe que le roman qui allait faire la gloire de son  auteur fut écrit en 1958. 
Mihara, un genre de Colombo  avant l’heure, a la chance d’être soutenu (et même couvert) par son chef  et de bénéficier de l’intuition d’un vieux renard sur le retour. Leurs  échanges épistolaires sont savoureux. Enfin, derrière la séduction, le  tenace Mihara finira par démasquer la beauté du diable.
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 Heureusement, entre-temps, j’ai acheté le deuxième tome de 1Q84. 
