La vie, ce n’est pas ce qu’on a vécu, mais ce dont on se souvient pour le raconter

Posté le 25 Avril 2015
 Comme il y a un an, peu avant que Gabito ne rejoigne José Arcadio Buendia, j’ai été agrippé par son dernier livre : « Vivre pour la raconter », qui m’a fait signe de l’étagère où j’avais oublié même l’y avoir déposé. 
 On y savoure cette prose inimitable qui nous prend malgré nous au piège  de la nostalgie. Et on y découvre comment s’est tissé, dès la lointaine  enfance de GGM,  la trame intime de cent ans de solitude : comment les eaux diaphanes de  la rivière de Macondo, qui coulaient sur un lit de pierres, lisses et  grosses comme des œufs préhistoriques,  sont bien celles qui baignaient Aracataca.  Comment la compagnie bananière a bel et bien fait la fortune et la  ruine de cette partie de la Colombie, et comment même les scènes les  plus invraisemblables, comme la longue file des Auréliano marqués sur le  front par une croix de cendre, ou encore Rebecca carbonisant sa main  pour se punir d’un acte irréparable, ne sont pas issues de nulle part  ailleurs que de son imagination d’écrivain, mais on été vécues pendant  son enfance, par le petit Gabriel. 
 Encore que dans les méandres et l’onirisme de son style, on ne sache  jamais totalement si on est véritablement en train de lire ses mémoires  où si on s’est replongé par inadvertance le long des ramifications  tortueuses de l’arbre généalogique de José Arcadio Buendia et d’Ursula Iguaran.  
