Cent ans de solitude

Posté le 14 Avril 2014
 Voilà, c’est décidé : je relis cent ans de solitude.
 C’est la quatrième fois. La première, j’avais 18 ans, et c’est un ami  espagnol qui me l’avait passé : « tiens, lis ça, ça va te plaire ». Alors  débuta une longue histoire d’amour avec le monde pittoresque, foisonnant  et onirique de Gabriel Garcia Marquez,  son vocabulaire hypnotique, ses phrases interminables, ses personnages  mythiques comme la jeune fille changée en araignée parce qu’elle avait  désobéi à ses parents, ou Esteban, le noyé le plus beau du monde ou  encore, le général dans son labyrinthe.
 Mais de tous ses romans, imbriqués les uns dans les autres comme des poupées russes, de « la terrible et triste histoire de la candide Erendira et de sa grand mère diabolique » à « chronique d’une mort annoncée » en passant par « l’amour au temps du choléra » ou « l’automne du patriarche« , c’est à « cent ans de solitude » que je reviendrai longtemps encore.
 Et cette fois, je le fais : j’ai à côté de moi une feuille et un crayon,  et je commence la généalogie tortueuse et désespérante des deux lignées issues de José Arcadio Buendia et Ursula Iguaran, celles des José Arcadio primitifs, gigantesques et tonitruants (GGM nous dit de José Arcadio que « ses vents faisaient se faner les fleurs ») et des Aureliano,  solitaires, introvertis, atrabiliaires et nostalgiques… Des  filiations si complexes et tournoyantes, autour de la figure centrale,  mythique elle aussi, de Pilar Ternera, dont les phéromones affolèrent  suffisamment chacun des deux frères pour qu’ils engendrent  successivement l’un et l’autre avec elle, dans la chaleur moite et  ensorcelante de Macondo, que j’avais jusqu’à présent, au cours des  années, toujours renoncé à bâtir cet indispensable viatique auquel, je l’espère, mon abnégation vous donnera bientôt un accès aussi rare que bénévole. 
