Montée en gamme

Montée en gamme

Mon réflex Canon APS-C (= demi-format) « EOS 600D » ayant accompagné avec vaillance mes pérégrinations depuis bientôt 15 ans, lui-même succédant à une persévérante dynastie d’IXUS, bijoux de la taille d’un paquet de cigarettes, je me suis offert, à l’orée d’une retraite qu’on dirait bien méritée, ce qu’on désigne désormais sous la dénomination d’appareil photo hybride.

Depuis que j’ai quitté l’argentique et Minolta, je suis resté fidèle à Canon (la guéguerre Canon/Nikon étant à la photo ce que la lutte PC/Mac est à l’ordinateur) et voici quelques arguments en faveur du stupéfiant EOS R6 mark 2.

Mes appareils argentiques il y a 40 ans : les Minolta XG2 puis X700

Le boitier noir, étanche, élégant, tient bien en main. La poignée qui abrite une batterie de bonne autonomie (meilleure que celle du R8) épouse agréablement la paume droite.

Le capteur plein format est d’autant plus confortable qu’il est stabilisé : contrairement au R8, il détecte les bougés de l’opérateur et se déplace en sens opposé ! 24 mégapixels, c’est moins que le R5 et ses 45 mégas, mais mieux que les 18 du 600D, sans parler des 12 de mon Ixus 960 (il y a 25 ans, 3 mégapixels étaient considérés comme le nec plus ultra). Par ailleurs, cela lui autorise une meilleure montée en sensibilité que le R5. Imaginez qu’il y a 40 ans, j’utilisais des Kodachrome (garanties un siècle) de 25 et 64 ASA/ISO et qu’il m’arrivait de « pousser » des Ekta 400 à 1600 ASA. Le R6m2 monte, lui, à 100 000 ASA, quand le R5 s’arrête à la moitié. Éblouissant.

La fameuse pellicule Kodachrome, dont les couleurs n’ont pas bougé

Coup d’œil dans l’oculaire : bluffant. En lieu et place du miroir qui renvoie une image analogique dans le viseur des réflex, ces hybrides offrent à l’œil une image purement électronique. Avantages : un déclenchement silencieux et une visée qui reflète exactement ce que sera l’image en termes d’exposition et de profondeur de champ. L’absence d’inertie du miroir et les miracles de l’électronique permettent en outre des rafales de 40 images par seconde. Une mitrailleuse.

D’autant que l’autofocus, dont le(s) collimateur(s) s’affiche(nt) en vert dans le viseur, est irréprochable et capable de suivre une cible, un visage par exemple.

Côté ergonomie, c’est… le pied ! Il y a au bas mot une molette sous chaque doigt. On peut pratiquement tout contrôler sans quitter l’œil du viseur, qui affiche par icônes lesquelles il faut tourner. La sensation est fluide, agréable. L’écran, détaillé, lumineux et orientable, ce qui est indispensable pour la photo au raz du sol ou par dessus un obstacle, est… tactile. Enfin ! On accède à tous les réglages, y compris la prise du cliché si on veut, d’un coup de doigt.

Bien entendu le passage des EOS réflex au système hybride R, désormais à maturité, signifie un changement complet de monture des objectifs (sinon, ce ne serait pas drôle). Canon a par bonheur prévu une bague d’adaptation qui permet une compatibilité totale avec les coûteux objectifs EF (plein format) et EF-S (APS-C) du système précédent. Bague non moins coûteuse, dont il existe trois versions : simple (105 euros), avec bague de contrôle programmable (d’intérêt discutable pour 70 euros de plus, quand on peut reprogrammer les molette du R6m2) et avec emplacement pour filtres « drop-in », plus onéreuse encore, mais très intéressante pour les poses longues (filtre gris neutre à densité variable) et la photo infrarouge (domaine fascinant où Canon est roi, dont nous reparlerons). Un bémol : les objectifs EF-S dédiés au 600D demi-format sont sans possibilité de remord recadrés au format 1:6 pour en conserver la focale apparente. Fâcheux car la définition tombe de 24 à un peu moins de 10 mégas, mais bon, ça fait quant même des clichés de 3700 x 2500 pixels : pas des timbres-poste.

Raffinements qui n’existaient pas il y a 15 ans, Canon réalise la fusion de l’appareil à objectifs interchangeables avec le smartphone (la fameuse « hybridation ») : on a désormais accès aux panoramiques et à un intervallomètre avec en mode vidéo la possibilité de time-lapses entièrement paramétrés. Last but not least, et j’avoue que ça m’a particulièrement excité, le programme de focus-stacking intégré qui fait du Bracketing de mise-au-point avec les objectifs auto-focus, ce qui préserve l’utilité de l’indispensable rail de mise au point Stack-Shot avec l’objectif phare de la macro, le MP-E 65mm x1-5. Je passe sous silence les nombreux modes automatiques, bracketings, HDR, filtres, etc. bien entendu tous disponibles.

Cerise sur le gâteau, la possibilité de programmer, en picorant parmi les très nombreux menus, un menu « perso » pour accéder directement aux fonctions préférées ; de même, touches comme molettes sont reprogrammables. L’appareil photo sur mesure : le rêve…

Ajoutons la possibilité de filmer en 4K, au ralenti si besoin ; que désirer de plus ?

Eh bien autre chose quand même : on aurait aimé un GPS intégré, comme sur les smartphones. Canon commercialise bien sûr un dispositif pour la griffe de flash, mais il faut allonger 300 euros supplémentaires. Du racket ! Et je me suis échiné en vain à connecter le R6m2 à mon vieux Galaxy S8. L’application téléchargeable camera-connect, qui permettrait soit-disant de récupérer la géolocalisation du smartphone, bugue lamentablement. Autre déception, la télécommande RC-6 du 600D ne fonctionne pas avec le R6m2. Son héritière, BR-E1, est « vendue séparément » (tu m’étonnes !) … deux fois plus cher. Modeste consolation, j’ai pu connecter en wifi le R6m2 avec mon ordi portable, c’est déjà ça. Prions pour une version améliorée du soft un de ces quatre, qui permettrait via le smartphone d’accéder au GPS et à la commande à distance.

Pour finir, ajoutons que les objectifs RF coutent un bras (voire un rein : 23500 euros pour le téléobjectif le plus puissant). En revanche, les objectifs EF dédiés aux réflex Canon, totalement compatibles grâce aux bagues d’adaptation EF/RF, voient leur prix considérablement diminuer (Ne les achetez surtout pas sur le site Canon : on les trouve à moitié prix chez Rakuten par exemple). Or ils sont d’autant plus performants sur les EOS R, que la mise au point se fait directement sur le capteur. Des opportunités à saisir, nous ne nous en priverons surement pas.

Mon bon vieil IXUS 960 IS,
un baroudeur en titane, de la taille d’un paquet de cigarettes
(ça tombe bien, je ne fume pas)
avec flash intégré, vidéo et même time-lapses !

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