Parenthèse chinoise à la fondation Louis Vuitton

 Embarquement pour la Chine à la fondation Louis Vuitton, dont la voilure gonflée (revisitée par Buren) me fait irrésistiblement songer au navire fantastique des six voyages de Lone Sloane.
 Au fil des couloirs et des salles de cet espace aérien, lumineux, tortueux et labyrinthique, on découvre les œuvres symboliques d’artistes chinois modernes marqués par le carambolage humain et spirituel de l’Est et de l’Ouest. 
 Un bouddha nostalgiquement échoué sur une grève, la tête de l’artiste en guerrier impérial ouverte comme une boite de conserve, un autre bouddha revêtu des couleurs  de l’étendard LGBT, l’immense panorama d’un chantier de la désastreuse  révolution culturelle, dont les nuances de gris sont la cendre de  millions de bâtons d’encens. Un film projeté dans l’espace d’un écran  tridimensionnel, mêlant passé et avenir, présent et onirisme, et  l’impressionnante et improbable collision d’un bouddha encore et d’une victoire de Samothrace renversée.
 Tradition spirituelle et cicatrices du maoïsme forment la chair de cette création emplie, comme l’empire du milieu, de douleur et d’inattendu. 
