Aïkido

Posté le 01 Juillet 2015
 Aï signifie harmonie, union, rencontre. Ki, dont l’idéogramme (un épis  de riz qui se transforme en fumée dans l’âtre) symbolise la  transformation de la matière en énergie (e = mc² !), signifie énergie  vitale, celle qui réside dans le ventre (hara, l’océan d’énergie), le  centre de l’être (seïka tanden) et qui met l’homme en relation avec le  cosmos. Do, en japonais, signifie voie, chemin (C’est le Tao de Lao  Tseu, qui vécu en chine il y a 2500 ans). 
 AIKIDO peut donc se traduire par « la voie de l’harmonie » ou « la voie de  l’union des énergies ». Cet art martial fut fondé au Japon par maitre  Morihei Ueshiba, disparu en 1969.  
 L’Aïkido n’est pas un sport de combat, mais un art martial.  La différence n’est pas seulement d’ordre sémantique. Les arts martiaux  sont issus des techniques de combat de la féodalité japonaise. A  l’origine, il s’agissait donc plus de techniques (JUTSU) de survie que  de pratique sportive. L’efficacité était le but recherché. Lorsque la  guerre n’a plus été une nécessité quotidienne, la pratique spirituelle  (esthétique, concentration, recherche de la perfection) s’est transmise  et les techniques de combat sont devenues un moyen de réalisation  intérieure parmi d’autres : ju-do (voie de la souplesse) issu du  ju-jutsu, aïki-do, apparenté à l’aïki-jutsu où l’on porte les coups  (atemi). 
 On est frappé lorsqu’on assiste à une démonstration d’AÏKIDO par la  fluidité des mouvements, sublimés par le port du Hakama, vêtement  traditionnel au Japon. Plus qu’une joute, on a le sentiment de  contempler une chorégraphie. L’aïkido repose sur une pratique (waza) qui  réunit et harmonise l’énergie de taï (le corps) et shin (l’esprit). On  retrouve le concept taoïste de ying et yang qui exprime l’absence  d’opposition (non dualité) mais la complémentarité entre lumière et  obscurité, mâle et femelle, matière et énergie, plein et vide. En  aïkido, chaque technique présente deux formes: positif (omote) et  négatif (ura), direct (irimi) et indirect (tenkan). La réaction s’adapte  à l’attaque comme un liquide à son contenant… 
 Dans son livre « le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc« , parlant  du Kyudo, Herrigel dit que l’art ancien du tir à l’arc ne consiste  nullement à poursuivre un résultat extérieur avec un arc et des flèches,  mais uniquement à réaliser quelque chose en soi-même. D’ailleurs, le  lieu où on enseigne les arts martiaux porte de longue date le nom de  Dojo, c’est à dire, lieu de l’éveil. L’aïkido a su préserver cette  dimension spirituelle. Surtout, c’est l’un des seuls arts martiaux dont  toute idée de compétition est exclue. Le dessein de l’aïkidoka n’est pas  de neutraliser l’adversaire, mais de le dissuader en lui démontrant la  vanité de son agressivité. Beaucoup de techniques d’Aïkido consistent à  désarmer l’adversaire, qui est d’ailleurs davantage un partenaire (UKE, celui qui reçoit).  C’est une des raisons pour lesquelles c’est l’art martial le plus  féminisé. Les jeunes filles et les femmes apportent à l’Aïkido sa  dimension « Yin », faite de souplesse, de diplomatie et de bienveillance.  Même la notion « Yang » de « Irimi », projection « en rentrant » cherche à épargner le partenaire. En fait, on  cherche à désarmer l’agressivité de la situation, c’est à dire à la fois  celle de l’adversaire et la sienne propre.
 Sans jamais reculer ou bloquer un coup, l’aïkidoka entre dans l’attaque  en disparaissant du point d’impact présumé; tout se passe comme si  l’agresseur enfonçait une porte ouverte, au propre comme au figuré. Dans  cette position, l’aïkidoka n’a plus qu’à ajouter un zeste d’énergie  (c’est le sens du mot Aïkido) pour déséquilibrer le partenaire : une  citation du Bushido s’applique plus que jamais à cet art martial où le  pratiquant n’ayant pas l’initiative de l’attaque doit réagir dans  l’instant (Ici et maintenant disait le maître Zen Taisen Deshimaru,  disparu en 1982) en comptant sur sa concentration et son intuition : je  n’ai pas de talent : je fais de l’esprit prompt mon talent ; je n’ai pas  de desseins : l’opportunité est mon dessein (je saisis l’occasion aux  cheveux), je n’ai pas de tactique : je fais du vide et du plein ma  tactique.
 Création continue, l’aïkido enseigne la respiration, l’équilibre,  l’attitude et la distance justes, la disponibilité et la fluidité, le  respect d’autrui, et surtout le simple fait qu’il n’existe ni victoire,  ni défaite. Les plus jeunes auront un peu de mal à se concentrer au  début et axeront leur pratique sur le défoulement physique. Avec le  temps vient le plaisir de la maîtrise technique et de faire à chaque  fois « le plein d’énergie ». Finalement, L’AIKIDO peut être pratiqué très  tard. Le fondateur enseignait encore à 80 ans révolus. 
